INTERRUPTION MOMENTANÉE // Dominique Moulon

Texte écrit dans le cadre de l'édition du projet de recherche de l'auto-archivage immédiat comme œuvre (École Supérieure d'art de Bretagne/DAP).
Dominique Moulon est critique d'art spécialisé dans les arts numériques.

(...) Il est temps pour moi de me laisser interrompre par une œuvre qui me hante par la justesse de son propos, et peut-être aussi parce que je ne l'ai jamais expérimenté, ne pouvant par conséquent que la fantasmer. Intitulée "Sweat Dream", elle permettait à tout spectateur distant d'interrompre Julie Morel, la conceptrice de l'œuvre comme celle de l'exposition "My life is an interactive fiction". La pertinence du titre de l'événement n'a pas échappé à Grégory Chatonsky qui se l'ai approprié pour en faire œuvre à son tour. Mais revenons à "Sweat Dream".
Nous sommes en 2008, à Toulouse, quand la partie visible de l'installation se résume à la présence, sur un mur, des touches "Sleep" et "Wake Up" provenant d'un clavier. À elles seules, elles symbolisent parfaitement la façon dont nous nous projetons dans nos machines car nous les imaginons toujours plus "humaines" qu'elles ne le sont en réalité. Dans la galerie Duplex, une simple pression sur l'une de ces touches – mais laquelle puisqu'il y a deux alternatives ? – et c'est la lumière qui s'allume ou s'étend chez Julie. Ou comment définir l'interactivité avec autant de précision, de justesse ? Sans omettre l'extrême poésie du titre de l'exposition qui ne fait que renforcer le propos d'une telle installation m'en évoquant une autre, plus ancienne. Celle que Yaacov Agam, réalisée en 1967 : "Fiat Lux".
Quand claquer dans ses mains provoque l'allumage d'une ampoule tout ce qu'il y a de plus ordinaire. « Et que la lumière soit » !